Portrait d’actionnaire, Amel Moulai, : « Nous devons être rémunérés pour chaque acte pharmaceutique »

Home / Articles / Portrait d’actionnaire, Amel Moulai, : « Nous devons être rémunérés pour chaque acte pharmaceutique »

Portrait d’actionnaire, Amel Moulai, : « Nous devons être rémunérés pour chaque acte pharmaceutique »

C’est pour rendre hommage à son grand père, infirmier dans les années 40 à l’hôpital Frantz Fanon de Blida, qu’Amel Moulai est devenue pharmacienne. En effet, si la famille comptait parmi ses membres deux médecins, son grand père voyait d’un bon œil, la venue d’une pharmacienne qui viendrait enrichir cette petite famille de la santé. Elle a donc fait son choix après le Lycée à Cherchell, de poursuivre ses études à l’université d’Alger, de laquelle elle ressort diplômée en 1991. Elle ouvre alors une officine une année plus tard à Sidi Ghiles, une petite ville au bord de la Méditerranée d’un peu plus de 15.000 habitants située à 39 kilomètres à l’ouest du chef lieu de wilaya Tipaza. Sa prédisposition à être à l’écoute des autres, son sens de l’humanitaire et son sens des responsabilités ont contribué à assoir sa notoriété et son professionnalisme. Ce fut une véritable pharmacie de proximité, où la population séduite a vite adopté cette native de Cherchell, qui leur est apparue la première fois au volant d’une voiture, ce qui n’était pas anodin dans cette bourgade. 

Son second engagement pour la profession, et non des moindres, fut pour le conseil de l’ordre au sein duquel elle est élue en mai 2006 parmi les premières femmes présidentes.

Ce fut une expérience très riche, car munie de son bâton de pèlerin, elle a sillonné la wilaya de Tipasa à la rencontre des collègues afin de les sensibiliser sur l’intérêt pour la profession de renforcer les rangs du conseil de l’ordre. Elle a alors pu faire d’heureuses rencontres de personnalités importantes comme monsieur Ahmed Benfares et bien d’autres avec lesquelles elle garde à ce jour de très confraternelles relations. D’un autre côté, comme souvent dans les parcours professionnels, certains épisodes ont été durs et les prises de décisions très difficiles pour Amel Moulai, ce qui l’avait amenée à se mettre en retrait du conseil de l’ordre pour deux années. Elle en garde cependant le souvenir d’une grande expérience humaine. En 2012, elle est de nouveau sollicitée pour réintégrer l’institution ordinale qui couvre les wilayas de Blida, Tipasa, Médéa et Djelfa, en tant que secrétaire générale du bureau, membre de la commission exercice et qualification (CREQ) déléguée de sa wilaya. Elle siège également au sein de la commission mixte Ordre, DSP et Snapo et ceci à ce jour. 

Le sens historique de l’implication politique des pharmaciens dans notre pays, a amené Amel Moulai à militer au sein d’un parti politique, sur les traces de Ferhat Abbes et Benyoucef Benkhada. Si la relève semble être assurée chez les Moulai, leur fille qui suit un cursus de pharmacie, a opté pour la pharmacie hospitalière. Amel Moulai  a rejoint le groupement Pharma Invest, suite à une publication sur l’ouverture du capital faite sur le réseau professionnel Pharmagroupe, comme de nombreux autres confrères. Sa conception des  groupements lui fait suggérer que ceux-ci doivent se démarquer des distributeurs classiques, en valorisant leur propre identité. Si l’atout confiance est accordé en priorité au groupement Pharma Invest, pour elle il est nécessaire d’y développer des services spécifiques comme des formations pour l’équipe officinale. L’option du préparatoire reste également un secteur qui gagne à être renforcé dans les pharmacies. Le pharmacien est un professionnel multidimensionnel avec de nombreuses ressources insuffisamment exploitées qui peuvent être mises au service de la santé de la population comme l’aromathérapie. Poursuivant, elle ajoute que dans les activités économiques, la dermo-cosmétique occupe une place de choix de plus en plus importante en pharmacie avec une marge non négligeable, c’est un autre secteur à développer à la portée des groupements. Selon Amel Moulai, si les compléments alimentaires entrent également dans ce champ d’activité, ces derniers doivent bénéficier d’un encadrement et d’une formation sérieuse et dédiée aux pharmaciens. En faisant le lien avec la nouvelle loi santé 2018 et les services liés à la santé, les services rémunérés constituent selon elle la bouffée d’oxygène : « Nous devons être rémunérés pour chaque acte pharmaceutique réalisé dans les officines, sous réserve d’en avoir suivi les formations adéquates». Amel Moulai a eu connaissance par l’une de ses amies installée au Québec, du dernier rapport présenté par le syndicat québécois des pharmaciens (AQPP) qui évaluait les économies dégagées sur les coûts des soins suite aux interventions des pharmaciens. Elle commente ce rapport réalisé par HEC Montréal (Hautes Etudes Commerciales), comme présentant une extraordinaire opportunité pour permettre aux pharmaciens algériens de faire évoluer leur profession en y intégrant des services rémunérés. En cette année 2020, Amel Moulai émet le souhait de faire évoluer la profession à côté du comptoir, de plus en plus épuisant. Pour elle, il est nécessaire de poursuivre les formations, et contribuer à la diversification des compétences des pharmaciens autour des actes et services pharmaceutiques.

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
Recent Posts
Contact

We're not around right now. But you can send us an email and we'll get back to you, asap.

Not readable? Change text. captcha txt