Portrait de pharmacien actionnaire: Sabrina Adrar, une pharmacienne rayonnante d’énergie, polyvalente et experte en huile d’olive
Un parcours scolaire d’excellence
Avec un parcours scolaire que l’on peut qualifier d’excellence, Sabrina Adrar fille de Ahmed fils de Hocine el Baylek, fut parmi les meilleurs élèves au cours de sa scolarité et recevait régulièrement les félicitations de ses enseignants. Elle décroche son bac dans le meilleur lycée de Bejaia, au sein duquel elle se souvient de la grande qualité des enseignants qui savaient faire aimer les matières aux élèves. Elle les cite avec beaucoup de respect et de gratitude. Sabrina fut fortement influencée par ceux des sciences naturelles et de la vie, lui ouvrant le choix universitaire de la filière pharmacie. Elle rejoindra alors l’université d’Alger durant les 4 premières années puis passera son internat à Sétif où elle rencontre des camarades avec lesquels des relations de grande qualité sont tissées, ce sera pour elle une expérience magique et un souvenir formidable.
Famille Adrar, la seconde plus grande famille de Bejaia
La famille Adrar qui est la seconde plus grande famille de Bejaia, est une famille de matheux dans l’ensemble. Elle compte parmi ses membres de nombreux professionnels de la santé tous secteurs confondus. Le nom Adrar signifie en kabyle ‘djebel’ et la famille est originaire de Boukhelifa sur la côte Est à une trentaine de kilomètre du chef lieu. Sabrina nous confie que sa famille compte 92 martyrs de la révolution, victimes notamment du ratissage de l’opération militaire française Jumelles qui dura de juillet 1959 à avril 1960, ainsi que de nombreux combattants de la lutte pour la libération nationale, dont son grand père Hocine El Baylek qui fut condamné à mort. Ses membres étaient des propriétaires terriens bercés dans l’agriculture et l’élevage de bovins, d’ovins et caprins qui disposaient de pressoirs et produisaient de l’huile d’olive. Productrice également de viandes, la famille comptait de nombreux maquignons comme son grand père Hocine el Baylek dont la réputation dépassait la wilaya. Par sa générosité, il mit ses biens à disposition de la lutte contre l’occupant pour payer les différentes djazia. La famille a été chassée de Boukhelifa par l’armée d’occupation et due s’installer à Bejaia ville dans des conditions très dures. Son grand père fini par acheter un terrain et y installa les siens en 1957.
Histoire et découvertes de Bejaia
Sabrina Adrar nous parle de Bejaia, une ville de plusieurs milliers d’années d’histoire, avec notamment la découverte par les jeunes spéléologues de Bejaia, du site archéologique de la grotte de Ali Bacha datant du néolithique ancien et du moustérien (période comprise entre -300 000 à -30 000 années). Située dans le versant méridional du mont Gouraya, c’est l’une des grottes préhistoriques les plus importantes en Afrique du Nord avec la grotte du Fort Clauzel qui a servi d’abri aux hommes préhistoriques. Les pièces trouvées sur ces sites sont exposées au musée Bordj Moussa à Bejaia et au Logan Museum of Anthropology aux Etats Unis. Un crâne d’ours de l’Atlas a également été découvert dans ce massif du Gouraya, qui renferme de nombreuses percées hydrogéologiques dépassants les 1 000 m de profondeur.
Bejaia, l’antique Saldae servit de comptoir aux phéniciens appelée par la suite Bougie du fait du travail de la cire, fut l’un des ports les plus actifs et prospère du Maghreb médiéval. Elle a connu sa période faste sous le royaume des princes berbères Hammadites qui en ont fait une capitale au XIe siècle, et y construisirent d’admirables palais. Elle servait aussi de point de ravitaillement en eau grâce à un aqueduc qui la reliait à la source de Toudja (Aghbalou). Elle abritait les corsaires du bassin méditerranéen jusqu’au XVIe siècle. Sous les dynasties musulmanes, Bejaia fut aussi un pôle d’attraction et d’expression de l’élite intellectuelle musulmane, juive et chrétienne. Elle a contribué à la diffusion des chiffres arabes, de l’astronomie vers le bassin méditerranéen et vers l’Europe.
Elle est envahie par les espagnols en 1509 qui malheureusement détruisent une grande partie de ce prestigieux passé, perpétré par les divers colonisateurs qui ont construit leurs édifices sur l’histoire de Bejaia. Ceci est attesté par des fouilles au niveau de l’emplacement d’une église où ont été découverts à trois mètres au-dessous, les fondations de la mosquée Djama Sidi El Mouhoub, et cinq mètre plus bas, les assises d’un temple romain. Sabrina Adrar nous parle de cet épisode où les Machayekh (Chouyoukh) de Bejaia avaient rencontré en 1513 les frères Kheireddine et Baba Arroudj, chef Ottoman, en Tunisie pour négocier leur appui et chasser l’occupant espagnol, une année avant leur entrée en action (1514). Depuis, toute une dechra à Bejaia portant le nom des Arroudj aurait servi de campement aux corsaires turcs et ses habitants en seraient les descendants.
Sabrina Adrar fut impressionnée par Marie Curie, cette grande dame qui marqua la physique au début du XXe siècle et obtient deux prix Nobel pour ses recherches sur la radioactivité. Ce fut la première femme à avoir obtenu cette distinction.
Une pharmacienne experte en huile d’olive
Digne héritière des Adrar, Sabrina se révèle être une pharmacienne spécialiste de l’huile d’olive. Elle mentionne modestement les trois médailles d’or obtenues par son mari pour la production de la meilleure huile d’olive vierge du pays, qui exploite la variété Chemlal présente dans 40 % des vergers oléicoles d’Algérie et un taux d’acidité inférieur à 0,5%. Elle nous confie quelques secrets, qui débutent avec la récolte qui doit correspondre au moment où les fruits présentent un large éventail de couleurs oscillant entre le vert, le rouge, le violet et le noir. Sabrina ajoute qu’il est nécessaire de réduire au maximum le temps entre la récolte et le pressage. L’huile d’olive vierge est extraite soit par pression, soit par centrifugation ou autres procédés mécaniques reconnus. Les conditions d’hygiène dans le cadre du pressage traditionnel qui fourni une bonne l’huile d’olive vierge, doivent être strictes et contrôlées. Les critères organoleptiques pour reconnaitre une bonne huile sont d’abord la couleur qui doit se rapprocher du fameux vert olive. L’huile doit être transparente exempte de résidus et son arôme doit exhalée celle d’un jus d’olive car obtenu à partir du mésocarpe (chair) du fruit et exempte de noyau, avec un indice d’acide très bas. Quant à la saveur, Sabrina nous la décrit gastronomiquement en nous recommandant une dégustation avec un morceau de pain que l’on imbibera d’huile. Mis en bouche, il se produira dans un premier temps, une certaine amertume, puis dans un second temps une fraîcheur envahira le palais. Si les conditions techniques de chaleur, lumière, humidité sont respectées, l’huile d’olive se conserve très bien avec un adoucissement qui apparait avec le temps, ajoutant que la différence entre une huile vierge de l’année précédente et l’huile vierge fraichement pressée réside dans le léger trouble que présente cette dernière. Notre pharmacienne experte poursuit avec une longue description technique sur les bonnes pratiques de production, et ajoute que les flavonoïdes, qui sont capables de moduler l’activité de certaines enzymes offrant des propriétés antioxydantes, vasculoprotectrices, anti hépathotoxiques etc. sont en concentration plus élevée dans les olives d’un vert à vert violet.
Des actions humanitaires au service des citoyens
Dans ses activités annexes, Sabrina Adrar est membre de l’association des amis de la faculté de médecine de Bejaia au sein de laquelle elle participe à des caravanes médicales. Celles-ci sillonnent les dechras de la région pour réaliser des consultations et remettre des médicaments aux plus démunis à travers la pharmacie de l’hôpital. Divers tests de dépistage sont réalisés comme le dépistage du cancer colorectal, du sein ou de la prostate. Parmi les chiffres obtenus, notre pharmacienne rapporte près de 16 % de cancer colorectal dépisté, les patients sont orientés alors vers la cellule anti-douleur du CHU. Cette activité humanitaire, comme acte béni, par le fait de venir en aide aux personnes, procure à Sabrina Adrar, cette formidable sensation d’utilité pour la société et de réalisation du devoir.
Elle nous parle de sa passion pour la lecture, qui est un moyen à la fois d’évasion et de relaxation. Samarcande de Amine Maalouf, est le livre qui l’a le plus marquée. Un roman historique qui raconte admirablement l’histoire du poète scientifique persan Omar Khayyam, qui y a vécu une partie de sa vie. Sabrina Adrar ne fini pas de nous surprendre à travers ses riches activités, elle a aussi exercé des activités d’enseignement au sein de l’université en assurant comme vacataire, non seulement des TP et des TD de biophysique mais aussi le cours de pharmacologie aux étudiants en médecine suite au départ de leur chargé de cours. Elle s’était entièrement investie avec une recherche documentaire pour actualiser les connaissances et offrir ainsi le meilleur aux étudiants. Dans cette lancée, son officine reste un précieux espace pédagogique où elle accueille les étudiants. Sa pharmacie a aussi été le terrain de travail d’une doctorante en finances qui a réalisé une étude technico-économique. Les résultats produits ont révélé un certain nombre de défaillances notamment au niveau de l’approvisionnement, comme le sur stockage qui a engendré des pertes importantes. Ces résultats ont également offert une analyse pertinente qui lui a permis d’optimiser la gestion de son officine.
La vision d’une professionnelle de la santé
Partageant sa vision du système de santé, Sabrina Adrar souhaiterait une généralisation du système CHIFA qui permettrait l’accès aux soins à l’ensemble de la population. Elle ajoute la nécessité de la numérisation des ordonnances, qui contribuera à sécuriser la dispensation des médicaments. Quant à l’accompagnement des personnes âgées, souvent poly-médicamentées, elle propose de lancer la réflexion sur le meilleur moyen de les accompagner pour assurer la meilleure observance des traitements, avec par exemple une ligne verte avec la pharmacie pour répondre à leurs préoccupations médicales.
Un groupement de pharmacien comme Pharma Invest, est fort de son réseau d’officinaux. Ceux-ci peuvent faire des propositions pour mettre en place des services qui accompagneront les pharmaciens comme l’audit de l’officine pour optimiser la gestion, la location des dispositifs médicaux et équipements, la formation continue.
Bien que les sujets de discussion n’aient pas été épuisés, tant ils sont nombreux, Sabrina Adrar souhaite la disparition du coronavirus afin que les activités puissent reprendre leur cours normal, et en patriote elle reste au service de la société.