Portrait de pharmacien, Ahcene Mechiche président de la SORP de Tizi Ouzou « la souffrance des malades est notre raison d’être professionnels »

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Portrait de pharmacien, Ahcene Mechiche président de la SORP de Tizi Ouzou « la souffrance des malades est notre raison d’être professionnels »

Portrait de pharmacien, Ahcene Mechiche, président de la SORP de TO « La souffrance des malades est notre raison d’être professionnels » 2e partie.
In Le Bulletin du Pharmacien by Pharma Invest groupement de pharmaciens

Les débuts professionnels
Le village de Tirmitine, dans lequel s’installe Ahcène Mechiche à ses débuts, comportait à cette époque un seul médecin et un seul chirurgien-dentiste. Ahcène aidé de son collègue, avait réalisé sa commande d’installation et pris le relais de l’activité en solitaire, alors que la distribution en gros des médicaments relevait du monopole des entreprises étatiques : ‘les Pharms’ (Enapharm, Encopharm, Enopharm). Un début seul, mû par l’énergie du jeune homme qu’il était, impatient de servir la population avec le titre qu’il venait d’acquérir de professionnel de santé.

Assez rapidement, il avait sympathisé avec le prescripteur qui lui rendait souvent visite pour connaître, entre autres, les disponibilités thérapeutiques et échanger sur les alternatives. Il jouissait alors, aux yeux des villageois, d’un statut singulier empreint de respect et de considération. Un jeune homme en blouse blanche, qui assurait la continuité des soins en leur dispensant les médicaments avec la sagesse que lui conféraient les connaissances fraîchement acquises. Conseils, orientations, prise en charge, accompagnement des patients, telles furent ses premières activités au service de ses concitoyens.

Au fil du temps, il avait élargi ses activités en y intégrant le préparatoire, une marque de noblesse de la profession. Il évoluera dans cette petite localité une année avant de rejoindre le chef-lieu de la wilaya, cependant pour une courte période. En effet, il avait été sollicité par un collègue médecin pour transférer à nouveau son officine dans cette localité où le prescripteur peinait avec ses patients, car l’accès aux médicaments, dans cette zone mal couverte en pharmacie, était problématique. Il y restera quelques années, avant de retourner au chef-lieu de wilaya, après que la zone soit suffisamment pourvue en officines.

Activités au sein de la profession
Les nécessités obligent, Ahcène et ses camarades mettent en place le bureau de wilaya du SNAPO, dont les premiers souvenirs se sont fixés sur le charisme et la clairvoyance du regretté Hadj Abderahmane Zemmouchi, disparu depuis. Ahcène était impressionné par la passion développée par le défunt pour défendre la profession du pharmacien, avec des positions franches, même s’il ne partageait pas toujours sa vision. Il restait pour lui, un personnage fort respectable duquel il s’est inspiré pour construire son profil syndicaliste. Il fallait à ce moment prioriser la profession par rapport aux intérêts personnels, dépasser un individualisme latent pour protéger l’activité.

Il sera élu au sein du premier bureau, puis en assumera la présidence, le temps d’un mandat. Sa vision et comme celle de ses camarades, portait sur la nécessité d’assurer la relève en constituant un vivier de personnes-ressources prêtes à assurer la continuité syndicale, avec une énergie sans cesse renouvelée. Les nécessités du moment, l’amènent à envisager d’intégrer le conseil de l’ordre, et en 2016, fort du travail qu’il avait développé au préalable, il est élu conseiller ordinal dans une sorp de 24 membres. Il en deviendra président, succédant à Karim Kabiche qui avait animé une équipe dynamique et soudée, et à qui il tient à rendre hommage.

Leur maître mot était l’alternance des mandats, garante du renouvellement des énergies et du maintien du cap de la progression. Ahcene était lui aussi soucieux de faire évoluer la profession dans le respect de l’éthique et des règles de la déontologie au service de la santé du citoyen, c’est son challenge. ‘Il fallait œuvrer de manière à ce que les confrères adhèrent à notre politique inclusive de toutes les catégories, privilégiant les compétences pour le choix des commissions’. Interrogé sur le rôle du Conseil de l’Ordre dans l’amélioration des pratiques, Ahcene répondra que c’est un parfait outil pour insuffler une dynamique vertueuse à plus d’un titre.

L’ordre est la structure par excellence qui peut apporter cette sérénité dont a besoin le pharmacien pour évoluer dans son exercice. En légaliste, il ajoute que la pratique doit se faire à l’intérieur du cadre réglementaire ajoutant qu’à son sens, l’ordre est une entité en interaction continue avec son environnement, dont les textes doivent être continuellement actualisés par les pharmaciens eux-mêmes. Le respect des textes constitue pour lui le socle des bonnes pratiques qui mènent à la valorisation de la profession . ‘Nous, pharmaciens, devons être à l’avant-garde en matière de production de textes juridiques, nous devons être cette force de proposition et ne pas rester inertes’.

Ainsi, les membres de la commission déontologie, ont eu à se pencher sur les différents textes d’application, produisant des propositions qui ont été transmises à la commission nationale. L’ordre doit être une structure fédératrice et travailler en collaboration avec les représentants de la profession, dans le respect des champs d’intervention de chacun, afin de porter au mieux les questions de la pharmacie, dont la boussole reste l’éthique et la déontologie. Au cours de ses activités ordinales, il a reçu le professeur Kamel Kezzal qui présidait une commission ministérielle en inspection des structures hospitalières. Celui-ci souhaitait rencontrer les ordres médicaux pour obtenir un état des lieux vu par les professionnels du secteur et s’entretenir avec ses collègues.

Ce fut aussi l’occasion d’échanger de bons souvenirs dans un dialogue fort sympathique.En témoin de la pharmacie, s’il est passé par des moments sans turbulence, il a aussi traversé des épisodes difficiles avec l’institution ordinale, où la réussite n’était pas toujours au rendez-vous et où l’accueil réservé par l’administration était froid et l’atmosphère tendue. Son idéal est de ne jamais oublier que le pharmacien est au service de la santé, du patient qui attend une aide, un soulagement. Son inspiration professionnelle est portée par la citation ‘La souffrance des malades est notre raison d’être professionnels’ , car cela constitue l’élément central de la relation soignant-soigné.

Nous connaissons malheureusement un certain déclin, nous confie-t-il , envahi de cette douleur que les âmes révoltées ressentent dans les situations d’injustice avec le sentiment d’impuissance. Son tempérament positif, lui sert de bouée de sauvetage pour naviguer dans les eaux troubles et agitées de la profession. C’est cette approche qui amène Ahcène à adhérer à l’hypothèse du modèle économique de l’officine, qui devrait évoluer vers un modèle hybride ; où le pharmacien serait rémunéré sur l’acte pharmaceutique. Il ajoute que, certes, la profession offre un standing social valorisant.

Cependant, celui-ci s’acquiert au fil du temps, après avoir trimé de longues années dans le respect des règles éthiques et ne s’acquiert certainement pas en quelques mois au détriment de ces règles qui forment le socle de l’exercice. Il déplore que certains collègues veuillent griller les étapes en utilisant des méthodes pitoyables qui déshonorent la profession et sont un affront à la santé publique. Un militantisme soutenu et constant est essentiel pour mener un plaidoyer efficace auprès des décideurs, en leur montrant que le meilleur moyen de faire des économies est de rendre les choses faisables. Il faut aussi être avant-gardiste et acquérir les compétences et les outils qui nous faciliteront la tâche pour porter les projets de développement de la pharmacie.

Pour Ahcène, le mot de la fin sera sous forme de souhait, celui de voir les ardeurs se tempérer sur le plan économique et se pencher sur le côté intellectuel et pragmatique du militantisme. Ajoutant à cela l’espoir que nos responsables sortent de leurs préjugés et regardent le pharmacien sous un autre angle, celui qui montre un Homme qui met ses compétences au service de la santé de la population.

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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