Diabète et Ramadan, Résultats actualisés du DAR, pour jeûner en toute sécurité

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Diabète et Ramadan, Résultats actualisés du DAR, pour jeûner en toute sécurité

Image par Silvia de Pixabay

Lors du ramadan, l’un des 5 piliers de l’Islam, il est difficile de dire à une personne malade chronique de ne pas jeûner, dans notre société, malgré les prescriptions coraniques pour les personnes qui ne sont pas en mesure de le faire notamment pour des raisons de santé. L’intention de jeûner pour ces malades est très forte.

Le pharmacien peut jouer un rôle d’accompagnement de ces patients MC jeûneurs et non jeûneurs, sur la base d’informations qui leur sont fournies avec les meilleures preuves scientifiques possibles. Le professeur Rachid Malek du CHU de Sétif a présenté les enjeux lors de la journée Diabète et Ramadan des 16 et 17 février, précisant que le diabétique jeûneur devra, sur prescription de son médecin, vérifier s’il doit ou non ajuster la prise, la dose et le moment de prise de ses médicaments.

Le professeur à présenté le score DAR 2020 avec la participation de l’Algérie, qui rapporte que 61.9% des patients diabétiques avaient jeûné 30 jours, (moyenne 27 jours) et 94% des patients avaient jeûné au moins 15 jours. Parmi eux, 84% n’ont pas présenté de signe d’hypoglycémie tandis que 6% ont nécessité une admission en hôpital. Il a ajouté que 84% n’avaient pas présenté d’épisode d’hyperglycémie. Notons aussi que chez les sujet âgés, 70% ont jeûné 30 jours.

L’autre étude menée en 2017 sur 900 patients suivis, rapporte que 90% avaient jeuné et que 50% avaient un score risque très élevé. Comparativement à l’étude de 2017, le taux de patients à haut risque non autorisés à jeûner  est passé de 50% en 2017, à 36% dans la dernière étude. A la lumière de ces résultats positifs obtenus auprès des patients, plusieurs milliers de formations en éducation thérapeutique du patient (ETP) ont pu être initiées auprès des médecins généralistes en Algérie grâce au projet DAR. Il y a donc eu un fort impact positif de l’ETP et de l’accompagnement des patients.

Il est également apparu nécessaire d’évaluer le risque du jeûne chez ces patients. En 2021, une étude toujours en cours s’est penchée sur la proportion des patients qui ont jeûné, sur la base d’un échantillon de 1647 diabétiques où 61 % d’entre eux avaient été autorisés à jeûner, le risque de jeûner étant plus élevé chez les diabétiques de type I vs diabétiques de type II. Cette étude rapporte que 38 % des patients non autorisés à jeûner, ont tout de même choisi de pratiquer le Ramadan.

Les répercussions du jeûne portent sur la modification des habitudes alimentaires en qualité et quantité, du sommeil et les variations hormonales induites. Les principaux risques chez ces patients sont l’hypo et l’hyperglycémie, l’acidocétose et la déshydratation.  Les co-morbidités forment un enjeu majeur. On retrouve les maladies coronariennes, le pied du diabétique, les dyslipidémies, la NASH, HTA, etc. qui peuvent aggraver le pronostic cardiovasculaire – CV, avec risque de maladies rénales.  Il y a aussi l’autre problématique, celle des patients non jeûneurs, un peu oubliés, qui doivent aussi attirer l’attention des professionnels de la santé car l’étude révèle que 52% d’entre eux sont déséquilibrés, 22% étaient en hypoglycémie et 37% en hyperglycémie avec détérioration du profil lipidique.

Le Pr R. Malek, suite aux constats des bénéfices sur la santé apportés par le ramadan, avait aussi évoqué le jeûne intermittent de plus en plus pratiqué en occident, qui est un jeûne qui dure de quelques heures à une demie journée voir au delà. L’idée de ce jeûne intermittent, est la diminution du nombre de calories apportées par l’alimentation. Parmi les solutions évoquées, il est apparu nécessaire de quantifier le risque, de renforcer l’auto-surveillance glycémique ASG, de procéder à l’ajustement thérapeutique et de réaliser une évaluation post ramadan, ajoutant que l’évaluation préalable, l’éducation thérapeutique, le suivi post ramadan et le renforcement de la participation aux études étaient vivement recommandés.

A la lumière de ces informations, le score du ramadan reste un outil fort précieux que peuvent également utiliser les pharmaciens notamment dans le cadre des services liés à la santé (loi santé 2018) pour mieux éclairer leurs patients et les aider à jeûner en toute sécurité.

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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