Entretien avec Soad Hamrour Abbas, pharmacienne « un héritage pharmaceutique historique »

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Entretien avec Soad Hamrour Abbas, pharmacienne « un héritage pharmaceutique historique »

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Fille de Allaoua Abbas, l’un des premiers pharmaciens algériens de Constantine décédé en 1955 lui-même neveu de Ferhat Abbas pharmacien et premier président de la jeune République Algérienne, Soad Hamrour Abbas héritera quelques années plus tard de la relève de l’officine familiale. Nombreuses ont été les personnes au sein de sa famille devenues pharmaciens.

Etudiante elle activait déjà comme déléguée de promotion. Elle fut diplômée en 1972 à la faculté d’Alger puis entreprend de se spécialiser  en toxicologie. En 1973 Soad réussi le concours d’entrée de l’université Paris Descartes et suit les cours de toxicologie industrielle, pour SONATRACH, qui souhaitait recourir à un spécialiste pour superviser les opérations sur les produits phytopharmaceutiques du groupe industriel.

En 1975, elle s’inscrit au DEPS de toxicologie à Paris, et obtient son DEMS à Alger en 1976. L’aboutissement de son cursus universitaire sera réalisé en 1985, lorsqu’elle soutien avec succès sa thèse de doctorat d’état, à Alger avec un volumineux sujet; celui des colorants alimentaires. Successivement maître assistante au CHU Mustapha, puis  titulaire au CHU Parnet,  elle transite par l’INSP et s’inscrit en DEA de biologie cutanée et de cosmétologie à Paris.

L’histoire étant parfois intransigeante, elle se retrouve face au risque de voir disparaitre la pharmacie paternelle, et doit abandonner sa carrière universitaire en optant en 1985 pour le secteur libéral et préserver l’activité de la pharmacie Abbas.

Voulant poursuivre l’encadrement des étudiants, Soad maintient sa collaboration avec la faculté de pharmacie d’Alger en  acceptant d’enseigner bénévolement.

A cette époque, la pharmacie, soumise au monopole des sociétés publiques d’importation et de distribution PHARM (ENAPHARM, ENCOPHARM, et  ENORPHARM), rencontrait des difficultés. Soad ajoute que le pharmacien était souvent mis à l’index par l’administration, qui lui faisait porter l’origine des problèmes du secteur : les ruptures, les dysfonctionnements, l’inaccessibilité des médicaments, etc.

En réponse et en absence d’organismes représentant la profession, S.H.A., n’hésitait pas à prendre la défense de la profession par la plume via des articles publiés dans la presse de cette époque.

En 1989, la nouvelle constitution introduit la liberté du droit associatif et politique et en 1990 est votée la loi relative aux modalités d’exercice du droit syndical. Ce fut la fin du monopole syndical et l’ouverture du champ de défense des travailleurs à toutes les organisations.

Soad rejoint l’Association des Pharmaciens de l’Est- APE, où l’on retrouve parmi eux de nombreux leaders comme A. Zemmouchi, A. Krid, A. Mehri, etc, qui lance la première grève des pharmaciens d’officine face au monopole de la distribution exercé par l’ENCOPHARM. Si cette grève avait été très suivie, elle a cependant montré les limites du mouvement associatif et la nécessité de la création d’un syndicat des pharmaciens.

Une action est ainsi coordonnée avec les pharmaciens du Centre.

Le SNAPO voit le jour le 6 juin 1996, avec comme premier président A. Zemmouchi et Soad Hamrour Abbas en sa qualité de secrétaire générale, puis présidente nationale jusqu’au premier congrès en juillet 2000. Pour appuyer les actions du snapo, elle participa avec les syndicats des magistrats, des pilotes de ligne, des médecins, des professeurs et docents, des journalistes, etc. à la mise en place d’une intersyndicale.

La communication suivait son temps, et se faisait essentiellement par déplacements et téléphone fax. Puis fut lancé le bulletin officiel du snapo par A. Keddad, le Courrier du Pharmacien dans lequel elle fut rédactrice.

Au cours de son mandat, elle fit appel à 2 personnes ressources pour réaliser une étude sur l’économie de l’officine et sa rentabilité, un expert en économie M. Chikhi et un jeune pharmacien S. Kebbour, qui travailla sur les questions d’économie du médicament. Ces travaux furent présentés lors de la journée nationale du snapo au Palais de la Culture.

Si au départ S.H.A., évoque une image respectable du pharmacien aux yeux des patients, elle regrette qu’elle ait été ternie au fil du temps, impactée par des pratiques commerciales qui lui ont porté préjudice.  Elle s’était fixé comme mission de replacer le pharmacien dans son rôle d’acteur de santé et non de ‘boutiquier’, forte de son double parcours d’enseignante et d’officinal.

L’analyse de la situation, selon S.H.A.,  l’amène à nous confier « La pharmacie risque de disparaitre, il nous faut agir rapidement en mettant en place les solutions qui s’offrent à nous». Selon elle, à l’image des pharmaciens Québécois qui ont sollicité les universitaires pour la réalisation d’une étude d’impact sur les interventions des pharmaciens sur la qualité des soins fournis: « il nous faut présenter aux pouvoirs publics des arguments solides, comme des études économiques ».

S.H.A. pense que dans un tel contexte économique où les marges sont faibles, et où le rôle du pharmacien est essentiellement administratif, ajouter des services rémunérés serait une bouffée d’oxygène pour l’officine. «La pharmacie doit pouvoir faire vivre les pharmaciens. On voit de plus en plus de jeunes pharmaciens faire de gros investissements pour ouvrir leur officine et se retrouver en difficulté pour rembourser leurs dettes alors que la profession voit ses charges augmenter sans que les bénéfices ne suivent».

En toxicologue, elle estime que la qualité de notre alimentation est inquiétante et cela impacte négativement la santé publique. Elle pense qu’il peut être nécessaire d’utiliser, l’expertise du pharmacien qui aurait actualisé ses connaissances, pour accompagner les citoyens sur les choix des produits alimentaires qu’ils sont amenés à consommer tous les jours. 

La liste des services pharmaceutiques possibles peut être longue et mériterait d’être étudiée et enrichie par l’ensemble de la profession. Une piste sérieuse qui mérite d’être explorée en profondeur pour une issue heureuse de l’officine. 

La liste des services pharmaceutiques possibles peut être longue et mériterait d’être étudiée et enrichie par l’ensemble de la profession. Une piste sérieuse qui mérite d’être explorée en profondeur pour une issue heureuse de l’officine. 

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au sommaire du numéro de juillet 2020, N°037:

  • LF 2017, contrats de performance Sécurité Sociale / producteurs
  • Financement des médicaments innovants 
  • 64,4% des médicaments de la NN sont algériens 
  • Portrait de pharmacien, Soad Hamrour Abbas, un héritage pharmaceutique historique
  • Guide des bonnes pratiques en diabétologie



Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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