Portrait de pharmacien actionnaire, Mohamed El Moubarek Chethouna, membre fondateur, ancien PCA « nous pouvons être leader du secteur » A.K.

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Portrait de pharmacien actionnaire, Mohamed El Moubarek Chethouna, membre fondateur, ancien PCA « nous pouvons être leader du secteur » A.K.

C’est de l’Oasis de Touggourt que vient Mohamed El Moubarek Chethouna. Une oasis fondée par les Beni Ifren, dynastie des sultans Ben Djellab Sōltānāt at-Tūggūrth qui régna du XVe au XIXe siècle. Les voyageurs, géographes et historiens de cette époque dont Ibn Khaldoun et Léon l’Africain, citent cette localité du Zab qui est une étape indispensable du contrôle des axes caravaniers des pèlerins ou vers le Djebel Nefoussa, comme ayant été bâtie par les numides.

Elle s’appelait alors Techort, chef lieu de Oued Righ. On retrouve dans son patrimoine le vieux Ksar de Mestatoua (XVe), avec des ruelles couvertes de troncs de palmiers. Il est entouré de rempart et accessible par 3 grandes portes. «Elle est entourée d’un mur de moellons et d’argile…. Il y a autour de Touggourt plusieurs châteaux et  villages et aussi des endroits habités sur une distance qui atteint trois ou quatre jours de marche. Chacun d’eux est tributaire du seigneur de Touggourt qui possède ainsi 130 000 ducats de revenu.» (Léon l’Africain). D’après Ibn Khaldoun, l’Oued Righ était bien peuplé au 12e siècle. Touggourt est située à 160 km au nord est de Ouargla et à 660 km au sud-est d’Alger, sur l’axe oriental saharien reliant le Nord aux régions oasiennes et pétrolières du Sud.

Mohamed El Moubarek ou M’Barek comme l’appellent ses amis, suit son parcours scolaire plus au nord, aux portes du Sud, à Biskra. Il y décrochera son Bac sciences en 1981, marqué par les différents travaux pratiques réalisés et l’ambiance des TP et de la verrerie de laboratoire. Il sera imprégné d’une volonté de réaliser dans le futur une profession qui gravite autour de la paillasse ou de la recherche.

C’est donc tout naturellement qu’il opte pour la filière pharmacie à l’université, qu’il considérait comme un excellent début pour réaliser son souhait. Ses loisirs de jeunesse se feront au rythme des matchs de football qu’il pratique avec ses camarades, chacun s’imaginant future star internationale du ballon. Une forme de motivation pour se surpasser et réaliser ses rêves.

M’Barek est un passionné du jeu d’échec, le Chatranj importé de Perse par les musulmans lors des foutouhats. Ce jeu sera introduit en Europe via l’Espagne musulmane vers le Xe siècle et rayonnera sur toute la planète. La stratégie nécessaire pour la pratique de ce jeu, inspira M’Barek dans ses actions professionnelles. Il regrette que la vie moderne perturbe l’ensemble de ces activités. Une charge professionnelle qui lui apparait envahissant le terrain des  loisirs, notamment le sport plus qu’essentiel pour le maintien d’une meilleure santé et d’un bon moral. Pour lui, le contexte national, couvert d’imprévus rend difficile l’organisation de toutes ces activités bénéfiques.

Le diplôme de pharmacien obtenu à l’université de Constantine en 1983, El Moubarek Chethouna part faire son service civil pour deux ans à l’hôpital de Hassi Messaoud, affecté au laboratoire et à la pharmacie de l’établissement. Il était le seul pharmacien en activité dans cet hôpital et a contribué à développé les relations avec les prescripteurs. Au terme de sa mission de service civil, il s’installe comme officinal à Touggourt dans sa ville d’origine. Ses relations avec les autres professionnels de la santé, notamment les prescripteurs relevant à la fois du secteur public et du secteur privé, furent basées sur l’échange, le sérieux et les compétences. Son officine servait souvent de point de rencontres régulières avec eux.

Sa vision initiale de la pharmacie était celle d’une profession scientifique et médicale à forte valeur ajoutée au service de la santé du citoyen. Il a très vite été en face de la complexité de la pratique, conjuguant l’activité sanitaire à l’activité commerciale avec l’obligation des résultats financiers. Face à l’absence dramatique dans son secteur de laboratoire d’analyses médicales, il a alors opté pour investir dans cette activité avec comme objectif rendre service à la population conformément au code de la santé qui donnait cette prérogative aux pharmaciens.

Sa formation universitaire avec un encadrement solide par des professeurs estimés, ponctuée par le passage dans les divers laboratoires couvrant l’ensemble des spécialités de la biologie, hématologie, biochimie, bactériologie, parasitologie, etc. des services hospitaliers, lui donnèrent l’assurance technique nécessaire à son engagement. Premier laboratoire privé à l’échelle régionale, ce fut un gros investissement dont l’impact fut par la suite très positif autant pour l’officine que pour les médecins qui gagnaient un élément clé majeur pour l’élaboration de leur diagnostic et pour les patients, souvent obligés auparavant, de faire plusieurs centaines de kilomètres pour une simple glycémie.

En analyste averti, Mohamed El Moubarak s’est inquiété de l’évolution de la profession, fortement impactée par l’activité commerciale qui prenait de plus en plus de place entravant la mission de service publique. Ses activités professionnelles et son sens du devoir le poussent à adhérer au syndicat local, le snapo, où ses collègues l’éliront membre du bureau. Il deviendra en 2000, membre du conseil national élu lors du premier congrès. En rejoignant le syndicat, il avait comme objectif la mise en place de solutions pour préserver l’officine.

Signe des temps qui s’érodent, la qualité de la formation qu’il a donnée à son personnel, a fait qu’une partie a été recrutée par le jeune biologiste qui venait de s’installer à Touggourt. Les nouveaux textes réglementaires ayant malheureusement leurs défauts et aberrations, suppriment cette pratique du champ du pharmacien aux compétences confirmées pour les attribuer à des mono-spécialistes aux compétences limitées.

Mohammed El Moubarek ne comprend pas comment un biochimiste peut faire de la bactériologie ou un hématologue de la parasitologie ? Il ne comprend pas comment on puisse supprimer une activité qui sert la santé de la population surtout dans des zones non couvertes, créant un vide aux conséquences désastreuses. Une telle décision est lourde de conséquences en matière de suppression de postes d’emploi. Elle compromet l’équilibre financier des pharmacies qui ont du réaliser un lourd investissement nécessitant de nombreuses années d’amortissement.

Pour Mohamed El Moubarak si l’officine continue de s’effriter, c’est suite à une profonde métamorphose qu’elle subit et qui est due aux changements de comportements du pharmacien, que l’on peut symboliser par l’abandon du port de la blouse. Pour une profession qui tire sa noblesse du service rendu aux patients, les centres d’intérêts se sont malheureusement déplacés vers le profit commercial. La forte dévaluation du dinar, les pénuries ont également impacté négativement la profession, transformant le pharmacien en chercheur de produits rares et en collecteur de cartes chifa.

Malgré ce contexte difficile, Mohamed El Moubarak pense que l’introduction de stages obligatoires pour les internes en officines certifiées en Bonnes Pratiques, permettra de leur transmettre les bons réflexes éthiques et humaniser l’acte pharmaceutique. Il insiste sur le fait  que la mise en place de services rémunérés en officine, forme une excellente alternative. Ce sont eux qui feront la différence et qui valoriseront l’activité des pharmaciens en promouvant la qualité des soins. « Nous sommes à une époque où les patients sont de grands consommateurs d’information sur la santé recueillie sur internet, des informations dont la qualité peut aller de bonne à médiocre ».

Ces patients plus ou moins bien informés se présentent dans les pharmacies avec des demandes plus précises, « nous devons être capables de faire face à cette nouvelle situation où l’automédication « avertie », prend de plus en plus de place ». Il ajoute à cela la nécessaire relance du préparatoire, la réappropriation des médicaments vétérinaires, le développement de la phytothérapie et de la cosmétologie.  Des nouvelles compétences doivent être acquises pour être capables de réaliser ces services. L’officine étant une entreprise, le pharmacien doit aussi s’imprégner des règles managériales. « En qualité de membre fondateur de Pharma Invest, aux côtés de locomotives comme Djamel Haddadi et Abdelouahab Attout, nous avions dans nos objectifs, la préservation de l’officine. Avec la distribution, en intervenant dans le circuit du médicament, nous pouvions mieux servir les intérêts de l’officine. Nous avions aussi en projets à venir celui de la production et de l’importation qui sont les autres éléments de ce circuit. Notre groupement, par sa composition de pharmaciens connaissant le terrain, pouvait innover et être porteur de services pour accompagner l’officine, et mieux répondre aux attentes des professionnels ».

En 2001, il est élu Président du Conseil d’Administration – PCA, fonction qu’il gardera durant un mandat. C’est au cours de cette période, qu’il entame en visionnaire, les nombreuses démarches vers le maire d’El Eulma pour l’acquisition d’un terrain au profit de l’entreprise. Signe de l’engouement que suscitait le projet de la spa Pharma Invest, il se souvient parfaitement de la grande volonté du PAPC à cette époque, de devenir actionnaire, les statuts ne le lui avaient pas permis. Si ce passage fut une imprégnation sur l’utilisation et la compréhension des outils financiers, il aurait souhaité acquérir les compétences managériales nécessaires pour piloter au mieux l’entreprise.

A cette époque, les membres fondateurs du groupement en jeunes pharmaciens liés par une grande amitié, avaient une énergie débordante qui donnait des ailes. Pour Mohamed El Moubarak, la motivation remplaçait l’absence de formation en management. Il évoque le pharmacien qui se retrouve au sortir de l’université, parachuté à la tête de son équipe officinale, sans être outillé ni avoir étudié le code du commerce ou la gestion des ressources humaines.

Le groupement Pharma Invest, qui avait souffert de ces carences à ses débuts, est désormais structuré comme une véritable entreprise qui fonctionne avec des règles économiques normalisées. Il peut maintenant selon lui jouer un rôle important pour accompagner les pharmaciens d’officine dans la gestion optimale de leur pharmacie. Idem avec la loi de finances qui nécessite chaque année une lecture technique pour sa compréhension et pour évaluer l’impact que peut avoir son contenu sur l’officine. 

Sur le plan de la pratique pharmaceutique, M.E.M cite un autre apport des groupements, celui de la mise en place de programmes de formation continue pour toute l’équipe officinale. Il souligne que la qualité de la prestation du  personnel de la pharmacie avec les patients, impacte l’image de l’officine positivement ou négativement.

Partant de là, le souci de contribuer à l’entretien et à l’actualisation de ses connaissances sera tout bénéfice, d’autant plus que la nouvelle loi santé 2018 précise que la formation du personnel des pharmacies est une obligation pour les titulaires.

L’idée est une donnée qui coute très chère et par la nature et la qualité de ses actionnaires, Il conclut que Pharma Invest peut innover et être leader dans son secteur.

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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