Portrait de pharmacien d’officine, Habiba Loucif Scandrani: « une femme exceptionnelle, généreuse avec un grand cœur »

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Portrait de pharmacien d’officine, Habiba Loucif Scandrani: « une femme exceptionnelle, généreuse avec un grand cœur »

Native de la Casbah, c’est à la faculté de pharmacie d’Alger que Habiba Loucif Scandrani obtiendra en 1974 son diplôme. Le service civil l’amènera à rejoindre le laboratoire de pédiatrie de l’hôpital de Beni Messous de 1974 à 1980 où exerçait le professeur Rachid Denine. A cette époque étaient pratiqués l’ensemble des examens de biologie, de la biochimie à l’hématologie, de la toxicologie à la parasitologie. Elle garde le souvenir de moments riches passés au sein du CHU.

C’est à l’issue de cette période, qu’elle opte pour le secteur libéral et s’installe  le 19 janvier 1980, au niveau du Golf à El Mouradia (Alger), endroit qu’elle ne quittera plus.

Elle compte dans sa famille de nombreux professionnels de la santé, parmi eux le professeur Mohamed Rédha Souilamas, pionnier de la greffe du poumon. Auteur d’une cinquantaine  d’articles scientifiques sur la greffe du poumon, empêché de progresser à Paris, les Etats Unis lui déroulent le tapis rouge. Il avait écrit un livre sur ce parcours désolant, au titre très révélateur ‘la couleur du bistouri’.

L’ouverture de la pharmacie de Habiba avait engendré d’importants frais d’investissement, elle du se concentrer durant les 2 premières années au remboursement de la dette. Au début de son exercice, il n’y avait pas beaucoup d’officines, les médicaments étaient disponibles, le problème résidait dans le monopole détenu par les PHARM qui étaient les seuls fournisseurs des pharmacies  et par la présence des agences ENDIMED qui dispensaient des médicaments sans pharmaciens. 

Soucieuse de participer au développement de la profession, elle s’investit en 1984 en rejoignant la Société Algérienne de Pharmacie (SAP) alors présidée par le professeur Ali Gherib disparu depuis, auquel Habiba rend hommage. La société donna l’Association des Pharmaciens du Centre (APHAC), au sein de laquelle Habiba activa non seulement dans le social, mais aussi pour aider les jeunes pharmaciens dans leur installation.

Sensible à la situation de ses jeunes consoeurs et confrères, elle poursuit son élan  et participe à la création de l’association des pharmaciens au chômage présidée par Malika Addour. Leur intense travail fut récompensé car il avait abouti à faire recruter les pharmaciens au niveau de toutes les agences ENDIMED, évaluées à ce moment à un millier.

Au cours de cette période, les différentes réflexions suggéraient qu’il faille placer la santé à une échelle régionale avec une vision maghrébine de la pharmacie. A cette époque, comme en Algérie, le Maroc passait de 700 officines à 12000 en quelques années, ce qui eût une incidence non négligeable sur l’activité économique. C’est dans ce contexte qu’avait été mise en place la Fédération des Pharmaciens du Maghreb Arabe  (FPMA) regroupant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie laquelle fédération participa par la suite à la création de l’Union des Pharmaciens Arabes (UPA).

En 1992, après de nombreuses années d’absence, le conseil de l’ordre est réactivé et Habiba Loucif Scandrani y voit une occasion formidable de le rejoindre pour donner plus de dimension aux actions entreprises et pour que la profession remplisse son rôle et restaure son image. Sa notoriété l’a faite élire, elle assumera les fonctions de secrétaire générale aux côtés du premier président Abderrahim Zemmouchi.

Deux années plus tard, une triste décision du conseil d’Etat vient geler le conseil de déontologie. Cet évènement, auquel sont ajoutées les difficultés grandissantes de la profession et l’état de dégradation de l’exercice pharmaceutique, les pénuries de médicaments qui devenaient insoutenables, le statut du pharmacien avec une perte de la considération, les horaires, les gardes,  les difficultés d’approvisionnement des pharmacies,  les marges, vont amener Habiba en véritable locomotive, à participer en 1995 avec un groupe d’une quinzaine de pharmaciens parmi lesquelles elle cite Hakima Rezkallah véritable cheville ouvrière du projet, Abderrahim Zemmouchi, S’Oad Hamrour, Omar Mehri,  Zhor Bouyoucef, A. Krid, A. Fekkar, Lamoudi, etc. vers la création d’un syndicat des pharmaciens d’officine.

Très à l’écoute de ses consoeurs et confrères, Habiba accompagne le projet tout au long des nombreuses réunions souvent marathon, au cours desquelles ont été survolées l’ensemble des préoccupations du moment de la profession, le faisant mûrir avec à la clé, la production de deux propositions, l’une pour les statuts du futur syndicat, l’autre pour le programme d’action. En toile de fond avaient été inscrits les 3 piliers de l’exercice à savoir la défense des intérêts moraux et matériels de ses membres, le conseil de l’ordre, l’inspection de la pharmacie.

Le projet  voit le jour et la date du 6 juin 1996 pour la tenue de l’assemblée générale constitutive, est fixée. Elle marque la naissance du syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO).

Habiba était de toutes les batailles menées à ce moment pour défendre la profession. La forte mobilisation des pharmaciennes et des pharmaciens, avait abouti à la réactivation du conseil de l’ordre. Si elle ne l’intègre pas à ce moment pour des raisons personnelles, la confiance que lui portent les pharmaciens, la fait élire deux années plus tard en janvier 2001 lors du premier renouvellement des membres, en qualité de vice présidente.

Cette confiance lui sera réitérée plusieurs fois, et aux élections de 2018 elle décide de ne plus être candidate pour des raisons de santé. Il lui est alors attribué le statut honorifique de membre honoraire de l’ordre des pharmaciens.

Lors des 8èmes Rencontres Internationales Pharmaceutiques d’Alger (RIPA 8), elle est distinguée pour son parcours au service de la pharmacie. Pour Habiba Loucif Scandrani, « La pharmacie est et restera un noble métier qui évolue. Cette évolution en lien avec le développement des sciences se fait vers divers secteurs comme la clinique, l’hôpital, l’industrie et l’officine. Nous serons obligés d’introduire de nouvelles disciplines comme la nutrition, l’orthopédie, la gériatrie, les dermo-cosmétiques, le dépistage, etc. Ce qui est très important, car l’expérience du covid 19 voit l’implication totale du pharmacien et les ouvertures possibles au service de la population » elle ajoute que « ce rôle a été largement souligné par le conseil de l’ordre. » Dalila Tella, conseillère ordinale nationale et Lynda Ait Ahmed pionnière des groupements de pharmaciens, amies de longue date, nous confieront « c’est  une femme exceptionnelle et généreuse avec un grand coeur ». Habiba Loucif Scandrani nous partage son vœux le plus cher, celui « d’un avenir prospère pour les pharmaciens afin qu’ils assurent toute sa noblesse à la profession. »

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Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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