Portrait de pharmacienne, Sabah Hitache: une éthique au service de la santé de ses patients

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Portrait de pharmacienne, Sabah Hitache: une éthique au service de la santé de ses patients

Installée en officine à la cité El Hayet à Sidi Mabrouk le 18 mai 1993, Sabah Hitache s’est attachée a construire durant toute sa période d’exercice, une relation de confiance avec ses patients qui lui resteront fidèles très longtemps. Elle nous rapporte que les patients appréciaient être servis par la titulaire de l’officine.

Elle était à l’écoute de ses patients avec lesquels elle avait déjà initié des entretiens pharmaceutiques. Cette proximité lui permettait de mieux cerner les besoins de ses patients et ainsi de mieux répondre à leurs préoccupations. Installée dans un quartier où vivent de nombreuses personnes âgées, très sensibles à l’attention qui leur est accordée, elle fut régulièrement sollicitée et dû même se déplacer chez eux pour accompagner ses patients âgés dans la prise de leurs médicaments et vérifier l’observance des traitements. Elle n’hésitait pas lorsqu’elle rencontrait des situations d’urgences avec ses malades fragiles, à les accompagner dans son propre véhicule vers une structure hospitalière pour leur assurer la continuité des soins.

Notre pharmacienne servait d’interface avec le personnel médical, qui trouvait en elle une précieuse source d’information sur les détails et circonstances de la maladie. Elle a vu grandir leurs enfants et petits enfants qui tous, lui témoignent respect, reconnaissance et considération pour une professionnelle de santé compétente d’une grande humanité.

Sibache Hitache mentionne la précieuse aide de son mari, chirurgien, qui l’a accompagnée dans ces nombreuses missions au service des malades. Elle a aussi été touchée, au cours de ses interventions d’urgence, par l’aggravation de l’état de santé de certains de ses malades malgré la prise en charge en milieu hospitalier, qui ont fini par succomber ce qui était pour elle une difficile épreuve. Elle n’hésitait pas à rédiger aussi pour ses malades, des lettres d’orientation pour des consultations médicales lorsque cela devenait nécessaire. Très souvent, Sabah Hitache croise ses patients en ville et s’enquiert de leur état de santé à travers une discussion réconfortante et s’assure ainsi qu’ils sont en bonne santé.

A la lumière de l’éthique professionnelle, elle a toujours maintenu la confidentialité de ces entretiens autant sur son lieu de travail que lors de ces rencontres soucieuse de préserver le secret médical auquel elle était liée.

Pour elle, son équipe officinale est formidable car c’est un personnel qui prend en modèle la qualité de ses relations avec les patients et s’en inspire à son tour. C’est d’ailleurs elle qui les a formés au métier de collaborateurs du pharmacien et des bonnes pratiques. Ainsi encadrés, ils ont été en mesure de répondre aux préoccupations des patients de la meilleure des manières et ceci dans une ambiance saine et propice à la réalisation des missions dévolues à cet espace santé.

Tout au long de sa carrière, elle a aussi accueilli de nombreux étudiants, leur fournissant l’encadrement nécessaire à la formation en sa qualité de maître de stage. Fille d’une enseignante et d’un éminent avocat bâtonnier du barreau de Constantine, Sabah Hitache suit sa scolarité à Constantine au Faubourg Lamy, dans l’école de sa mère qui en assuma les fonctions de directrice durant 20 années. Elle grandi avec ses soeurs devenues successivement gynécologue, chirurgien dentiste et son frère décédé éminent médecin interniste . Elle est mère d’une fille devenue architecte, d’une pharmacienne spécialiste en microbiologie et d’une étudiante interne en médecine. Lorsqu’elle cède son officine en 2018, Sabah Hitache, forte de son expertise du secteur, se consacre à l’accompagnement de sa fille dans l’ouverture du laboratoire.

Native de Sétif, Sabah retourne régulièrement à Leflaye, un village de la daira de Sidi Aich en Kabylie, dans la grande ferme familiale qui dispose d’une oliveraie et d’un pressoir à huile d’olive, des figuiers et figues de barbarie. Elle y savoure les joies et plaisirs campagnards en famille, des moments d’une grande valeur à ses yeux. Son père Maître Abderrahmane Hitache, issu de l’école algéroise, emmenait souvent sa fille Sabah assister à ses plaidoiries, autant à Constantine qu’en Suisse, souvent à défendre les plus faibles. Sabah resta impressionnée par ce monde de la justice.

Forte de cette expérience, elle voulu choisir ce parcours dans la défense des causes, mais les circonstances l’ont orientée vers la santé. Son frère, médecin interniste libéral respecté à Constantine, décédé en 2015, fut très engagé dans le corps médical et participa non seulement à la formation de nombreux jeunes médecins, mais apporta sa vision pour améliorer le système de santé algérien. Sabah Hitache a bénéficié de la confiance de ses collègues qui l’ont élue d’abord dans les années 2000 au sein du bureau local du SNAPO alors présidé par son camarade Hamdi Henni, puis elle fut la première femme élue au sein du conseil de l’ordre des pharmaciens aux côté de Kamel Baghloul qui réaffirmait que son équipe s’engageait à poursuivre le travail pour faire jouer pleinement au pharmacien son rôle d’acteur de santé publique, une mission noble loin de tout souci purement mercantile.

Une confiance qui lui a été réitérée durant 3 mandats. En vice présidente, elle a intégré la commission exercice et qualification (CREQ) ainsi que la commission de discipline au sein desquelles elle fut inspirée dans son travail, par les plaidoiries de son défunt père. Grâce à ses connaissances, à un moment où l’immobilier était difficilement accessible, elle trouva un local au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjli qui accueille à ce jour, le siège de la SOR.

Mandaté par le président, elle représenta la SORP au Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, sous la présidence de Lotfi Benbahmed, dont elle appréciait le travail développé.

La confiance de ses collègues ne la lâche pas car quelques années plus tard, elle est élue avec une équipe à 90% féminine (11 femmes pour un bureau de 12 membres) pour le premier bureau local du jeune syndicat le SNPAA qu’elle présidera jusqu’à la cession de son officine en 2017.

« La pharmacie d’aujourd’hui ressemble malheureusement de moins en moins à la pharmacie d’auparavant », c’est en ces termes qu’elle évalue la situation. Elle ajoute que le fonctionnement actuel de l’officine a imposé des règles commerciales qui nous ont un peu éloignés de la relation humaine avec le patient. Tel est le constat de Sabah Hitache, qui situe l’origine du problème, dans le conventionnement avec les caisses de sécurité sociale.

Elle suggère de repenser le modèle économique de l’officine qui trouve dans la loi santé de 2018 et les services liés à la santé, une opportunité à saisir pour redéployer les prestations réalisées dans les pharmacies. La solution est connue, les représentants de la profession s’en font l’écho auprès des pouvoirs publics, il est nécessaire de mettre en place un plaidoyer sur le sujet afin de convaincre l’autorité sanitaire et les financeurs, d’adhérer au projet de développement de la pharmacie algérienne.

Sabah Hitache fut cliente du groupement Pharma Invest, elle en a été très satisfaite et garde de bons souvenirs de la qualité des relations qui existaient et du professionnalisme dont faisait preuve le personnel de l’entreprise. C’est sur la base de ce constat qu’elle pense que les groupements de pharmaciens sont bien placés pour accompagner les officinaux dans les formations qui seront mises en place par les pouvoirs publics pour la réalisation de ces services liés à la santé et qui auront été identifiés dans la nomenclature des actes des professionnels de santé. Elle souhaite même devenir actionnaire de Pharma Invest et ainsi participer à ce développement de la pharmacie algérienne.

C’est l’environnement familial avec son frère et sa sœur tous deux médecins qui l’a orientée vers la filière santé. Elle obtient son diplôme de pharmacienne à la faculté de médecine de Constantine en 1987, puis elle rejoint le laboratoire de l’hôpital Bouchama de Constantine qu’elle dirigera durant quatre années en qualité de pharmacienne chef. Puis elle rejoint l’entreprise publique ENCOPHARM (Keddour Boumeddous) dans le contrôle des médicaments. Elle sera par la suite affectée sur le site de distribution et de production de l’entreprise, situé au niveau de la zone industrielle.

Sa progression l’amènera à rejoindre la pharmacie du CHU, dans laquelle les médicaments étaient dispensés à l’unité, en fonction de la durée des traitements prescrits aux patients. Ces passages successifs seront pour elle un atout précieux d’une grande valeur et lui donneront l’assurance et le courage pour faire face aux responsabilités liées à l’officine qu’elle finit par ouvrir en 1993.

Son parcours professionnel lui a également permis d’accompagner sa fille pharmacienne spécialiste en microbiologie, dans l’ouverture d’un laboratoire au niveau de la nouvelle ville de Constantine, autant dans la gestion que dans la qualité des prestations.

La continuité de la prise en charge des sujets âgés restent un souci pour Sabah Hitache qui leur a mis en place un numéro dédié où ils peuvent la contacter à tout moment pour des questions de prises de médicaments, de disponibilité ou des conseils. Elle souhaite partager son parcours et être entendue par les jeunes collègues qu’elle encourage à repenser l’exercice pour le recentrer au service des patients et contribuer ainsi à la valorisation de la profession au service de la santé publique.

par Abdellatif Keddad

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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