Revue de la littérature scientifique Ramadan et santé

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Revue de la littérature scientifique Ramadan et santé

Ramadan et santé:

Prise en charge des patients par les pharmaciens durant le mois de jeûne

 

Le ramadan est une pratique de jeûne qui a intéressé de nombreux chercheurs souhaitant en évaluer l’impact sur la santé. La rédaction s’est livrée à une revue de la littérature scientifique traitant de la question en consultant la base de données PUBMED à partir de mots clés ‘fasting ramadan’ (jeûne  ramadan). 927 articles ont été produits, dont 647 (69,8%) au cours des 10 dernières années et 394 (42,5%) au cours des 5 dernières années. La question semble avoir été la plus étudiée en Iran pour laquelle nous avons retrouvé 103 articles publiés, suivie de la Turquie avec 95 articles. L’Algérie a quant à elle produit 13 articles.

18 thématiques ont été abordées sous l’angle du Ramadan, allant de la pneumologie en passant par l’ophtalmologie à la gastroentérologie. Le résultat du classement des 100 premiers articles, donne 41% d’articles traitant du diabète, 11% du système cardio-vasculaire, 8% de métabolisme, nutrition, physiologie, 7% de thérapeutique, 5% du système urinaire, de neurologie, biochimie et biologie.

Nous avons zoomer un article intitulé [Managing medications during Ramadan fasting] ‘gestion des traitements durant le jeûne du mois de Ramadan’ de K. Grindrod et W. Alsabbagh publié en 2017 dans le Canadian Pharmacists Journal – CPJ. Les chercheurs, ont appuyé le rôle du pharmacien dans l’ajustement des traitements en toute sécurité. Ils reprennent une plaquette qui évolue en 5 temps : le premier est de s’assurer que le patient est en mesure de jeûner en sécurité, si cela n’est pas le cas, il est alors conseillé de l’orienter vers son imam. Le second temps concerne les médicaments pris plusieurs fois dans la journée. La stratégie recommandée porte sur le choix de médicaments à action ou à libération prolongée permettant l’ajustement des moments de prise et des dosages afin d’avoir 1 à 2 prises réparties du lever au coucher du soleil.   Puis le 3ème temps est l’ajustement des médicaments par classes thérapeutiques permettant des prises adaptées.

Les auteurs poursuivent en rappelant qu’il est possible de conseiller les patients sur certaines pathologies comme les migraines, en évitant les facteurs déclenchants, où l’éducation des patients pour éviter la déshydratation chez les hypertendus. On apprend que si en Egypte, les pharmaciens ajustent les médicaments pendant le mois de Ramadan, la fréquence de prise, la dose, la forme galénique et le médicament, dans d’autres pays musulmans, il semblerait que des lacunes subsistent sur ces ajustements. Les auteurs concluent sur la nécessité d’actualiser et de renforcer les connaissances des pharmaciens sur la question pour leur permettre d’accompagner leurs patients dans un jeûne en toute sécurité.

 

La gestion des patients diabétiques par les pharmaciens a fait l’objet d’une étude de K. Wilbur, K. Al Tawengi et E. Remoden (Université de Doha, mars 2014). Ils ont réalisé une enquête descriptive via un questionnaire auprès de 580 pharmaciens du Qatar, abordant 4 champs: la démographie du sujet, l’expérience en matière de soins pour les patients diabétiques, la connaissances des soins appropriés pour les patients en période de jeûne du Ramadan. Les résultats montrent que les ressources utilisées étaient dans 94,3% des cas, l’internet, tandis que les lignes directrices ou recommandations étaient utilisées dans 80,45% des cas. L’enquête révèle que seulement 20% des pharmaciens, étaient au courant et avaient consulté le consensus Ramadan: Recommandations for Management of Diabetes During Ramadan de l’American Diabetes Association – ADA. Les auteurs concluent à la nécessité de mettre en place des programmes éducatifs pour améliorer les connaissances des pharmaciens et leur permettre de fournir des conseils précis aux patients.

 

Dans un autre registre, S. Mathew, S. Krug & Co, (Université de Munich) ont étudié en 2014 la métabolomique du jeûne de ramadan avec l’étude HuMET, en vue d’explorer la réponse pré-prandiale et post prandiale du métabolisme humain aux défis nutritionnels.

 

La métabolomique est une discipline récente qui se base sur le profil des métabolites (de moins de 1500 da) d’un organisme et permet d’avoir une vue large de la dynamique des voies biochimiques pathologiques. Cette étude s’est basée sur le dosage de 204 paramètres auprès de 16 patients. Elle a révélé des réponses significatives et physiologiquement plausibles, parmi lesquelles une augmentation des acides biliaires, des acides aminés, et une diminution d’acyl carnitine. En outre il a été observé une diminution des phospholipides à J7 et J26 du Ramadan, montrant ainsi que la réponse sur le long terme du jeune prolongé peut être différente de celle du jeûne à court terme. Ce type d’étude permet, au cours du mois de ramadan, de suivre et de surveiller de grands groupes de patients atteints d’obésité  morbide et de diabète sous ambiance contrôlée. Elle permet également de suivre des individus en bonne santé. Une autre application est la possibilité d’identifier de nouveaux biomarqueurs pour ces maladies. Enfin, une telle étude permet aussi de classer les apports alimentaires nécessaires  en vue de rédiger des directives diététiques pour mieux contrôler et réduire la charge de la morbidité.

Les études scientifiques réalisées sur l’impact du mois de Ramadan sont nombreuses et vont de l’exploration de possibles effets indésirables comme la survenue de lithiases ou les arrêts cardiaques, jusqu’aux  bienfaits apportées.

 

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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