Virus à Ebola: Le connaitre pour mieux le combattre
Le 29 mars 2016, le Directeur Général de l’OMS annonçait la fin de l’urgence de santé publique de portée internationale relative à la flambée Ebola, le niveau élevé de vigilance était maintenu. Il annonçait que la capacité de riposte au virus Ebola en Afrique de l’Ouest était puissante : les équipes d’intervention utilisaient la vaccination qui s’est avérée être un outil puissant pour juguler le virus.
Aucun cas de MVE signalé en Algérie
Si l’Algérie n’a pas enregistré de cas de Maladie à Virus Ebola (MVE), le ministère de la santé a cependant mis en place un dispositif de surveillance d’alerte et de prise en charge des fièvres hémorragiques virales. Elaboré sous la supervision du professeur Smail Mesbah sous forme de livret de 118 pages, le guide relatif au dispositif évoquant le cas de la MVE, est structuré en 10 chapitres avec 2 annexes. Il y est rappelé que la MVE tient son nom de la rivière située au Congo où a été localisée en 1976 la flambée épidémique qui a par ailleurs touché également le Soudan. L’agent responsable de cette fièvre hémorragique est un virus à ARN, qui est fragile et ne peut survivre longtemps à l’extérieur d’un organisme vivant. Il est sensible à la chaleur, à l’air et au chlore. L’eau de Javel qui détruit la membrane qui enveloppe le virus est le produit à utiliser.
La MVE est une zoonose, son mode de transmission se fait par contact étroit avec des animaux sauvages infectés. La propagation dans la population humaine se fait quant à elle parle fluides corporels d’une personne contaminée ou par contact avec des objets contaminés. La période d’incubation de la maladie est de 2 à 21 jours et la contagiosité débute à la manifestation des signes cliniques.
3 niveaux de risques de contamination
Le guide rapporte trois niveaux de risque de contamination en fonction de la nature du contact. Le contact non prolongé sans équipement de protection individuel (EPI) et sans notion de soin avec un patient fébrile, ambulatoire et capable de s’occuper de lui-même est classé à risque très faible. Par contre, dans le risque élevé on retrouve le contact rapproché (moins de 1 mètre), en face à face, sans EPI, avec un patient fébrile, qui tousse ou vomit, saigne du nez ou présente une diarrhée, des relations sexuelles non protégées avec un patient présentant une MVE jusqu’à trois mois, le contact direct avec du matériel souillé par des fluides biologiques d’un patient présentant une MVE. On retrouve également dans les risques élevés, l’exposition transcutanée, les accidents d’exposition au sang ou exposition des muqueuses au sang ou à un fluide corporel (y compris les selles diarrhéiques, les vomissures …), à des tissus biologiques ou à des échantillons, cliniques contaminés provenant d’un patient présentant une MVE.
Rôle du pharmacien
Le Module 7 relatif aux précautions standards en matière d’hygiène et de contrôle de l’environnement, évoque le rôle du pharmacien qui par des recommandations en matière d’hygiène permet la réduction du risque de contamination. Ceci passe par le respect des règles standards en matière d’hygiène des mains et pour l’hygiène respiratoire comme pour les précautions standards pour prévenir les accidents causés par le matériel de soins courants et piquants.
Les médicaments en cours d’évaluation
En août 2014, une épidémie à MVE sévissait au Libéria. L’antipaludique du moment composé d’artéméther et de luméfantrine était en rupture de stock et avait poussé les médecins à utiliser un autre antipaludique disponible composé d’artésunate et d’amodiaquine au lieu du produit classique. Cet évènement a permis de découvrir un traitement plus efficace, c’est ce que rapportait en janvier 2016, un article publié dans le New England Journal of Medicine. S’il n’existe actuellement aucun vaccin homologué contre la MVE, deux candidats sont en cours d’évaluation. Les résultats de l’essai clinique de phase III concernant l’efficacité du vaccin Ebola VSV-EBOV en Guinée ont montré que ce vaccin était très efficace. Il a été mis au point par l’Agence de la santé publique du Canada puis donné sous licence à Merck & Co.,Inc et NewLink Genetics Corp.
Question d’éthique relative à l’utilisation de produits non homologuées
En aout 2014 l’OMS face à la flambée de virus à Ebola et au fort taux de létalité, s’est penchée sur l’éthique de l’utilisation d’interventions non homologuées. Cette réflexion a produit un rapport, qui conclut dans les circonstances particulières de cette flambée, et sous réserve que certaines conditions soient respectées qu’il était conforme à l’éthique de proposer comme traitement ou prophylaxie potentielle des interventions qui n’ont pas encore fait leur preuves et dont l’efficacité et les effets indésirables sont encore inconnus.