Benzodiazépines et addiction: Rôle du pharmacien d’officine dans le sevrage
Les benzodiazépines sont les psychotropes les plus prescrits à travers le monde. Découverts en 1954, le chlordiazépoxide a été mis sur le marché en 1960. Cette molécule a subi plusieurs modifications chimiques dans sa structure de base, donnant le Diazépam en 1963, le Clonazepam en 1973, le Flunitrazepam en 1975 et le Midazolam en 1982.
Ces molécules vont agir d’un point de vue pharmacodynamique (ce que la substance fait avec l’organisme) sur le cerveau en provoquant de l’amnésie en agissant sur le cortex, du plaisir par action sur le noyau accumbens, une myorelaxation en agissant sur la moelle et le cervelet, de l’anxiolyse par action sur le cortex orbitofrontal. Les benzodiazépines ont des effets sédatifs (relaxation et baisse de la psychomotricité), hypnotiques (induction du sommeil), anxiolytiques, myorelaxants, anticonvulsifs.
Ils sont contre indiqués en cas de dépression respiratoire, de myasthénie, de troubles hépatiques, de grossesse et d’allaitement (ils traversent la paroi placentaire). Ils sont utilisés pour traiter l’anxiété, l’insomnie et d’autres troubles du sommeil. Ils sont classés dans la listes des substances psychotropes.
Ces produits présentent un risque de tolérance d’un point de vue pharmacocinétique avec augmentation de l’élimination de la molécule, pharmacodynamique avec une baisse de l’efficacité de la molécule (désensibilisation des récepteurs) et de dépendance. La pharmacovigilance rapporte des chutes, des troubles de la mémoire, de la somnolence diurne.
Une étude descriptive transversale portant sur 353 patients traités par benzodiazépines BZDs réalisée par l’équipe de Metmour D. et al. de Sidi Bel Abbes et publiée en 2022 (lien), rapporte que dans cette ville, les principales prescriptions de BZDs visaient à combattre l’insomnie dans 25.2% des cas et l’anxiété pour 16.4% des cas. Les sujets de plus de 60 ans ont représenté 24,9% des patients ayant reçu une BZD.
Les principales utilisations inadéquates (i.) portent sur la dose i., la durée i., hors indication, association de médicaments problématique, monitorage suivi i. A l’heure actuelle, aucun traitement pharmacologique n’a montré d’efficacité pour les dépendances. Seule la réduction progressive des doses a pu être mise en place dans des stratégies pratiques.
Ainsi un protocole de sevrage a été proposé en février 2023 par le centre de pharmacovigilance Belge (CBIP) qui associe le médecin et le pharmacien (lien). C’est un programme qui a pour objectif un arrêt progressif des benzodiazépines et apparentés, où le pharmacien réalise des préparations magistrales de gélules à partir de la spécialité la plus adaptée aux doses dégressives (allant de 100% à 10% de la dose initiale) précisées sur prescription du médecin.
Les schémas de sevrage sont proposés en 5, 7 et 10 paliers dégressifs pour une durée de chaque palier de 10, 20 ou 30 jours.
Une opportunité pour les officinaux de relancer le préparatoire et replacer leur rôle central incontournable pour préserver la santé de leurs patients.