Portrait de pharmacien, Haroun Benmalek, président 2024 de la SORP — Région de Sétif : ‘Pharma Invest présente le profil adéquat pour accompagner les officinaux de manière professionnelle‘
Par Abdellatif Keddad
In Le Bulletin du Pharmacien janvier 2024
Pharma Invest, groupement de pharmaciens
Installé dans sa région natale à Bordj Bou Arreridj – BBA, capitale des Bibans depuis décembre 2011, Haroun Benmalek nous évoque le passé historique de BBA, avec le célèbre Cheikh El Mokrani, qui lança avec ses 6 000 hommes le 16 mars 1871 la révolte de BBA la plus importante insurrection contre les colonisateurs français. La ville sera assiégée durant 10 jours. Le Cheikh avait proclamé la veille l’entrée en guerre contre l’occupant. Ce fut un soulèvement qui réunit 250 tribus sur un front de près de 600 kilomètres d’Est en Ouest du pays, dans une guerre qui opposa le peuple algérien contre une armée coloniale.
Haroun Benmalek, né dans un quartier populaire de la ville, y passe toute sa période scolaire, se remémorant des souvenirs dont les activités culturelles étaient rythmées au son des groupes de musique traditionnelle andalouse essentiellement qu’il avait intégrés. Il découvre des régions du pays grâce aux voyages scolaires organisés, comme cette plongée dans les dunes du Grand Erg Oriental de Oued Souf. S’il regrette que ces activités d’éveil aient disparu de la plupart des programmes scolaires actuels, Haroun n’hésite pas un instant à combler ce vide en accompagnant ses jeunes enfants au gré des improvisations circonstancielles qui contribuent à leur enrichissement intellectuel avec des activités culturelles, touristiques, sportives incluant le retour aux sources à El Gleaa, loin des smartphones. La saison hivernale est ainsi l’occasion de partir à la découverte en famille des palmeraies de Biskra cœur des Zibans ou des pistes enneigées de la station de ski de Tikjda sur le massif montagneux du Djurdjura. Il fait découvrir à ses enfants, Tlemcen (l’ancienne Taghrart) ville médiévale du XIIIe siècle, capitale de l’Etat Zenata Abd El Wadid après la chute de l’empire almohade.
C’est en 2001 qu’il décrochera son bac sciences avec mention, ce qui lui ouvrit un large choix de filières universitaires. Suite à une concertation familiale il opte pour la pharmacie, non sans avoir aussi été influencé par l’image prestigieuse gravée dans son jeune esprit par l’aîné des pharmaciens Monsieur Maiza. Il fut marqué au cours de sa jeunesse, par les ouvrages sur l’histoire de la révolution algérienne et le parcours de ses grands héros qui ont contribué à chasser l’occupant dans une guerre impitoyable. Il découvre également les grands scientifiques musulmans comme le médecin Abu Ali Ibn Sina le prince des savants (XIe siècle), ou le mathématicien Mohamed Ibn Mussa Al Khawarizmi, père de l’algèbre (IXe siècle) qui élabora les équations pour solutionner notamment les questions d’héritage.
« J’ai rédigé sur le sujet (…) un livre abrégé englobant les choses les plus subtiles et les plus nobles du calcul dont ont besoin les gens dans leurs héritages, dans leurs donations, dans leurs partages, dans leurs jugements, dans leurs commerces et dans toutes les transactions qu’il y a entre eux à propos de l’arpentage des terres, du creusement des canaux, de la géométrie et d’autres choses relatives à ses aspects et à ses arts(…). J’ai découvert ainsi que les nombres dont on a besoin dans le calcul sont de trois types: ce sont les racines, les biens et le nombre seul… »
L’université se termine en septembre 2006 avec l’acquisition du diplôme de pharmacien. C’est alors qu’il s’inscrit pour un DIU en gériatrie à l’étranger qu’il devra malheureusement abandonner, vu l’éloignement, sur insistance familiale et en septembre 2006 il part servir sous les drapeaux, où il sera affecté à la pharmacie centrale militaire de Blida jusqu’en mars 2008. Son premier emploi se fera au sein d’une agence publique ENDIMED en qualité de pharmacien chef d’agence. Son sens professionnel au service de la santé du citoyen, fera qu’à ce jour il est en contact avec ses anciens patients. Quant aux médecins, ils trouvaient auprès de Haroun un collègue disponible qui solutionnait les questions en lien avec les thérapies et qui savait trouver des alternatives aux médicaments en rupture.
Il finit par ouvrir son officine à BBA en décembre 2011, formant son personnel fort de son expertise puis il épaula un jeune pharmacien assistant, transmettant les étudiants de la meilleure des façons.
Membre fondateur et président d’une association humanitaire Les amis des malades, il met en place avec son équipe la mise à disposition de divers dispositifs médicaux, puis ils acquièrent 3 ambulances pour le transport des malades et ceci grâce aux dons généreux de la population.
Il rejoint le syndicat des officinaux – SNAPO avec un groupe de camarades de promotion en 2016, et s’attache au problème essentiel rencontré par les pharmaciens celui du conventionnement. En 2019, il rejoint le second syndicat SNPAA duquel il est membre fondateur. Cette expérience l’a fait voyager à la rencontre de ses collègues et lui a permis de découvrir les diversités culturelles des wilayas du pays à travers les richesses humaines des nombreux confrères qu’il rencontrait.
Pour Haroun Benmalek, son objectif qui s’est toujours construit sur la volonté de valoriser l’activité du pharmacien, lui permet d’entretenir de bonnes relations avec ses confrères qui apprécient son engagement.
Même si son expertise l’amène à dresser un constat sévère sur le devenir de la profession qui passe par des phases récessives en comparaison avec son début d’activité, il reste optimiste sur les solutions à mettre en place pour remédier à ces lacunes. Il reçoit régulièrement de jeunes collègues qui lui confient les difficultés financières qu’ils traversent. Haroun est convaincu que la loi santé 2018 et les services liés à la santé qui sont une introduction de l’acte pharmaceutique rémunéré, compenseront les pertes de points de marge commerciale et amélioreront les revenus des pharmaciens. Il cite comme exemple l’éducation thérapeutique, régulièrement réalisée dans les officines gratuitement, qui gagne à être rémunérée du fait de la contribution pour l’amélioration de l’observance des traitements et l’amélioration de la qualité de vie des patients, réduisant la facture des soins pour les pouvoirs publics. Il adhère à 1000 % à l’inscription des actes pharmaceutiques dans la Nomenclature Générale des Actes Professionnels des médecins, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes et des auxiliaires médicaux (NGAP) du décret exécutif 05-257 du 20 juillet 2005 afin d’en obtenir une rémunération au même titre que les actes médicaux ou de biologie etc. Pour Haroun Benmalek, Pharma Invest présente le profil adéquat pour accompagner de manière professionnelle, les officinaux vers les multitudes de services qu’ils peuvent offrir à leurs patients. C’est un groupement qui répond aux attentes des pharmaciens autant dans les commandes, que dans la livraison ou la gestion des réclamations notamment avec la digitalisation de l’entreprise et les solutions qu’elle a élaborées pour soulager le quotidien de l’officinal.
Haroun est un chasseur passionné, qui parcourt la nature sauvage où chacun de ses pas est en connexion profonde avec la terre. Il apprécie beaucoup le lièvre qu’il enfourne avec oignons carottes et pommes de terre dans un art culinaire simple et authentique, dévoilant les saveurs du gibier dans sa robe dorée par le beurre. Le cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi penseur et écrivain, membre fondateur de l’association des Oulama musulmans est né dans cette wilaya, à Ouled Sidi Braham en 1889. Compagnon du Cheikh Abdelhamid Ibn Badis, il accepte de l’accompagner dans le vaste chantier de réforme (el islah) dans un esprit patriotique lui qui avait cette volonté de vivre et mourir sous un gouvernement musulman. Il sera président de l’association des Oulama après la mort de Cheikh Ibn Badis. Ses prises de position anti colonialiste lui vaudront d’être exilé.
BBA est située à l’est du pays sur les Hauts Plateaux à environ 916 mètres d’altitude, Le nom Bordj prendrait son origine à l’époque Ottomane, sous le beylik de Constantine en référence aux citadelles militaires munies de tours (El Bordj), destinées à la surveillance des mouvements dans le Medjana. On y trouve à ce jour des ruines romaines et le fortin ottoman du XVe siècle construit sous Hassan Pacha Ben Kheir-Eddine, rebaptisé Bordj El Mokrani et transformé en musée. Il domine toute la plaine du Medjana. La ville est devenue un important pôle dans l’industrie de l’électroménager et dans le paysage de l’électronique du pays, devenant pour l’horizon 2023, le futur pôle de développement et d’excellence dans le domaine de l’industrie électronique. Si la région est réputée pour la qualité de sa viande ovine et les célèbres grillades d’El Achir, incontournable rendez-vous des voyageurs, le couscous aux cardes (Cynara cardunculus L.) en est aussi l’une des spécialités locales notamment à l’automne, ou encore la hassoua, un plat typiquement rural de spaghetti maison fait main avec de la semoule de blé à côté du tadjine, de la guerba, de la chekoua, du mezouad et bien sûr des gammes de fromages de brebis et de chèvre, etc.
Originaire d’El Gleaa à une trentaine de kilomètres au nord de BBA, le village est connu grâce à sa mosquée construite sur un impressionnant piton rocheux à près de 1 000 mètres d’altitude, dont de belles images filmées par drone sont régulièrement diffusées les vendredis sur une chaine TV nationale.
C’est l’un des doyens de la famille Benmalek qui est à l’origine de ce village perché sur la montagne, avec une zaouia ou école coranique qui a essaimé dans toute la région. Cette région très escarpée qui a rendu difficile et très coûteux l’acheminement des matériaux de construction, n’a pas empêché les habitants de la développer. Haroun Benmalek, pharmacien porteur du flambeau humanitaire et du savoir de ses ancêtres, a bénéficié de la confiance que lui ont accordée et renouvelée ses collègues. Il reste apprécié également par les prescripteurs et par les patients pour sa disponibilité et son dévouement.
Haroun Benmalek vient d’être élu en qualité de président de l’ordre des pharmaciens SORP région de Sétif, lors des dernières élections de 2023. Cette confiance que lui ont accordée ses collègues des trois wilayas (Setif, Msila et Bordj Bou Arreridj), témoigne de la reconnaissance du parcours réalisé au service de la profession et des espoirs que cela pourrait susciter. Il est conscient de la difficulté de la mission et des défis à relever, il est aussi convaincu que la profession saura se mobiliser autour des nombreux challenges/défis qu’il tentera de relever avec son équipe.