Résistance aux antimicrobiens: une menace croissante pour les populations

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Résistance aux antimicrobiens: une menace croissante pour les populations

Le ministre de la santé, Mokhtar Hasbellaoui déclarait à l’INSP lors de la journée nationale de lutte contre la résistance aux antimicrobiens du 4 décembre, que ce problème constituait « une menace croissante entravant l’efficacité du traitement d’un ensemble d’infections émergentes et ré émergentes et constitue, de ce fait, une menace sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement ». En 2011, le ministre de la santé de l’époque Djamel Ould Abbes, rapportait lors de la journée mondiale de la santé dont le thème portait sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, que près de 440.000 nouveaux cas de tuberculose multirésistante, faisaient leur apparition chaque année dans le monde, entrainant 150.000 décès. Les maladies infectieuses représentent 43% des décès dans les pays en voie de développement contre 1 % dans les pays industrialisés. Pour compléter ces données, l’enquête TAHINA 2007, rapportait une morbidité chez l’enfant, liée aux maladies infectieuses et parasitaires, de 12.02%, contre 3.10 % chez l’adulte. La répartition est quasi similaire entre les milieux urbain et rural (4.97% contre 5.12). Selon les résultats de l’enquête, ces maladies infectieuses ont représenté 4.58 % du motif des consultations, avec une légère prédominance masculine 5.5 % chez l’homme pour 3.9% chez les femmes. Ce motif de consultation occupe la 3e place chez les enfants (11.66%), après les pathologies respiratoires (47,82%), et celles dites de ‘symptômes / signes’ (13.76%).

En 2006, en Tunisie, les maladies infectieuses et parasitaires, étaient à l’origine de 2,8% des décès contre 16 ,6% pour les tumeurs et 10,3 % pour les maladies endocriniennes et métaboliques, alors que la consommation des antibiotiques à la même période, arrivait en tête et représentait 19.3 % en valeur. A titre de comparaison, la classe suivante, celle des médicaments du système digestif représentait 14,4%, et la classe de cardiologie 12.2%.

Enquêtes du Centre de pharmacovigilance – CNPM: Dans le cadre de la promotion de l’usage rationnel des médicaments en Algérie (programme PURMA), le centre de pharmacovigilance avait réalisé en 2011, une série d’enquêtes au niveau de 3 régions : Alger, Mostaganem et El Oued. Ces enquêtes ont permis d’apprécier les conditions de prescription, de dispensation et de prise en charge des patients. La tendance générale à prescrire des antibiotiques indépendamment du diagnostic, avait été mesurée. Ainsi, sur les 2.433 ordonnances traitées, en moyenne 54.1 % comportaient au moins 1 antibiotique, avec des extrêmes de 71.5% pour la région d’El Oued et 28,1 % pour la région de Zeralda. Les données recueillies avaient été comparées avec celles de 19 pays (PED) et la valeur maximale était enregistrée au Soudan avec 60% de prescriptions comportant au moins 1 ATB et la valeur minimale était enregistrée au Guatemala avec environ 16%.

Cette comparaison révèle que seuls 3 pays (Burkina, Soudan, Ouganda) sur les 19, dépassaient l’Algérie. Face au problème de la résistance sans cesse croissante aux antibiotiques, l’OMS lançait le 21 septembre 2016 un appel suivi par 193 pays qui se sont engagés à élaborer des plans d’action nationaux basés sur le plan d’action mondial pour lutter contre les résistances aux antimicrobiens. Margaret Chan, Directrice Générale de l’OMS déclarait à cet effet « la résistance aux antimicrobiens représente une grave menace pour la santé humaine, le développement et la sécurité. Les engagements pris aujourd’hui, doivent être concrétisés en actions rapides, efficaces et capables de sauver des vies dans les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale ».

Le communiqué de l’OMS rappelle que les niveaux élevés de résistance aux antimicrobiens étaient le résultat d’abus et de la mauvaise utilisation des antibiotiques et des autres antimicrobiens non seulement chez les humains, mais aussi chez les animaux et dans l’environnement. Les représentants des pays signataires rendront compte en 2018, des actions engagées à leur niveau. Le plan mondial de l’Assemblée Mondiale de la Santé de mai 2015, s’articulait autour de 5 objectifs stratégiques :

(1) Mieux faire connaitre et comprendre le problème de la résistance aux antimicrobiens.

(2) Renforcer les connaissances et les bases factuelles par la surveillance et la recherche.

(3) Réduire l’incidence des infections par des mesures efficaces d’assainissement, d’hygiène et de prévention des infections.

(4) Optimiser l’usage des antimicrobiens en santé humaine et animale.

(5) Dégager des arguments économiques en faveur d’investissements durables dans la mise au point de nouveaux médicaments, outils diagnostics, vaccins et autres interventions.

Certains programmes des caisses d’assurance maladie portant sur la sensibilisation du public et des professionnels de santé au bon usage des antibiotiques, ont permis de faire reculer nettement de 42 à 24 %, le taux de personnes estimant les ATB efficaces dans les angines. Ces campagnes ont permis de faire reculer l’idée que « l’antibiotique était le remède à tout ». Chez les médecins, ils ont été 60% à déclarer avoir fait évoluer leur façon d’envisager l’antibiothérapie.

 

Abdellatif Keddad
Abdellatif Keddad
Journaliste médical
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