Portrait d’actionnaire Nora Karabaghli, en « Héritière d’un savoir être » une pharmacienne visionnaire

C’est grâce à un père pharmacien, installé à Annaba, qui a bercé son enfance dans une ambiance de fioles et de valeurs, que Nora Karabaghli se retrouve l’héritière d’un savoir être.

La pharmacie qui s’est ainsi construite pour elle, est plus qu’une vocation, c’est une passion qui lui a ouvert la porte vers l’aide de son prochain. A la disparition de son père, et après avoir terminé ses études, elle reprend la pharmacie paternelle en cherchant à se singulariser. Nora fut marquée par le fait qu’au sein de la pharmacie en général s’était installée une forte concurrence, qui entaillait sa crédibilité. Celle-ci s’était progressivement éloignée de sa vocation initiale au service de la santé du citoyen, vers des horizons qui ne satisfaisaient plus notre pharmacienne. Continuellement animée par la volonté d’innovation, elle trouve un épanouissement professionnel à travers la magistrale, une activité délaissée par les collègues.  Elle s’embarque alors pour la Belgique avec comme objectif renforcer ses compétences en pharmacie galénique, qui était pour elle à cette époque, un élément très valorisant.

Un challenge: l’innovation constante au service des patients

En Belgique, les pharmaciens préparaient pour les patients, les gélules de psychotropes sans que ne soit mentionné sur le conditionnement remis, le nom du médicament, et ceci pour en prévenir les usages abusifs. Les préparations en Belgique, sont réalisées avec le souci de la réduction du gaspillage, un patient à qui le médecin a prescrit de l’amoxicilline 1g à raison de 2 g par jour pendant 7 jours, se verra dispenser 14 gélules. C’est un usage rationnel des médicaments. Ce passage en Belgique, a été pour Nora, d’une grande richesse, ouvrant des perspectives inattendues. A son retour elle rencontre un médecin dermatologue qui lui fait part de son regret de l’absence des préparations au niveau des pharmacies. Elle lui propose alors de les prendre en charge avec le souci de fournir des médicaments de qualité. Allant plus loin, Nora innove en mettant en place l’équipe pluridisciplinaire, au sein de laquelle prescripteur et dispensateur se rencontrent régulièrement pour évaluer ensemble, les thérapies engagées pour les patients et éventuellement les adapter. Ce fut pour notre pharmacienne, une coopération autant bénéfique sur le plan médical, que fructueuse sur le plan intellectuel. Les citoyens avaient dorénavant un regard différent envers leur pharmacienne, fort respectueux d’un véritable professionnel soucieux de leur santé : Nora s’était imposée par son point fort qu’étaient ses compétences. 

Le profession évoluant, elle poursuit la réalisation de challenges. Elle organise son coin confidentialité et passe plus de temps à l’écoute de ses patients pour mieux en cerner les besoins et adapter la réponse à fournir, s’assurer de la compréhension des thérapies engagées et de la bonne observance des traitements.

Valoriser la profession

Au détour d’une discussion avec sa jeune nièce lycéenne, elle découvre que les travaux pratiques de sciences naturelles ne sont pas dispensés faute de réactifs. Ce phénomène s’étendait sur toute la wilaya d’Annaba et au-delà. En parfaite scientifique, il était inconcevable pour sa conscience d’imaginer qu’un élève n’ait pas eu l’occasion de réaliser les TP de chimie, de sciences naturelles, etc. pour manque de réactif. Elle fait alors une proposition à la direction de l’éducation pour compenser cette lacune: sa proposition est acceptée. Elle  se retrouve ainsi à approvisionner l’ensemble des établissements scolaires de la région. Sa démarche n’avait pas de motivation financière, elle était mue par la volonté de mettre en avant le rôle et les capacités du pharmacien au sein de la société. Cet épisode aura été très précieux à ses yeux en particulier lorsque des lycéens lui annonçaient avoir réalisé des TP avec des réactifs étiquetés ‘pharmacie Nora Karabaghli’. Elle fut sollicitée jusque dans les universités, les labos de recherche et de contrôle qualité!   

Les challenges se suivent. Les années 2010, marquent un nouveau tournant pour notre pharmacienne. Elle se lance dans des formations tous azimuts, qui viennent enrichir son bagage intellectuel et affiner son sens de l’observation et de l’exploration de l’environnement. Dans un contexte de transition épidémiologique, elle cerne de nouveaux besoins chez les patients, dont les malades chroniques qui prennent une part de plus en plus importante dans l’activité officinale. Le pharmacien devait lui aussi évoluer et acquérir de nouvelles compétences. Elle développe sa maitrise des pathologies, de la clinique, des protocoles thérapeutiques, et fonde à Annaba, l’association éducation thérapeutique du patient diabétique AEDIA.

Elle met en place le suivi de ses patients diabétiques, pour lesquels elle réalise certaines interventions qui ont permis d’équilibrer le diabète et d’améliorer leur confort de vie.

Ses patients forts reconnaissants de ces efforts, ne changeraient pour rien au monde de pharmacie.